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Pour toi maman


Maman,


Je t’écris pour te dire combien tu m’es précieuse. J’ai passé mes premières années au creux de tes bras, protégée et aimée. Tu me rassurais, tu me cajolais quand j’avais un petit ou un gros bobo. Tu n’as été qu’amour pour moi pendant toutes ces années partagées au plus près de toi.


Mes plus beaux souvenirs sont avec toi. Cette Fiat Panda qui était notre lieu de secrets ; cette cuisine où on partageait nos rires. Les soirées que l’on passait à danser toutes les deux, quand papa était en déplacement et où on oubliait tout. C’était nos moments à nous. C’étaient nos instantanés de bonheur.


Mais la vie est ainsi faite : elle n’est que combat. Quatorze ans d’amour, de rire, de joie, de bonheur et de petits malheurs. Et puis un drame, juste un. Un drame en plusieurs actes avec des héros déchus, avec une âme perdue.


Je t’ai perdue et ….j’ai tout perdu. Ton sourire me manque tellement. Mais bien plus encore c’est sentir tes mains pressées contre les miennes ; nos corps qui se consolent ; sentir ta main effleurer mon visage comme pour apprécier au mieux les traits de cet enfant qui grandit.


Tu me manques à en crever. Et je peux t’écrire cette lettre sans laisser couler quelques larmes sur le papier. J’ai le cœur qui se serre, le ventre qui se fige et la gorge qui s’assèche.


Je ne pouvais pas te perdre. Pas toi. Tu m’as laissée seule. Seule dans ce monde que je hais ; seule sans armes dans ce monde qui ne me ressemble pas. Où puis-je me réfugier maintenant si ce n’est pas dans tes bras ? Quelle odeur me réconforte à part la tienne ? Quelles mains me touchent avec tant de douceur qu’une simple caresse m’apaise ?


Seule et isolée. Je fais tout pour être seule et m’isoler. Je ne veux plus rien, je n’attends plus rien. Tu es partie et il ne me reste plus rien. Il ne me reste qu’une illusion de moi-même et des souvenirs de toi.


Tu m’as souvent dit que la douleur s’atténue avec le temps. Mais non c’est faux ! Plus les années passent et plus j’en crève de t’avoir perdue. Les mots ne sont pas assez forts pour te dire combien je souffre au quotidien.


Une journée ensoleillée me rappelle quand nous nous faisions bronzer toutes les deux dans le jardin ; une journée maussade quand on tricotait sous la couette dans le canapé. Ma vie n’est maintenant faite que de souvenirs. Et cela fait si mal. Se promener, c’est risquer de voir ton visage apparaitre. Cuisiner, c’est se rappeler les saveurs de tes plats mijotés. Réussir quelque chose dans ma vie aujourd’hui, c’est avant tout me dire que je ne peux le partager avec toi.


J’avais quatorze ans quand tu m’as laissée. J’avais quatorze ans quand tout s’est brisé.


J’avais quatorze ans quand je suis morte.


A quoi ça sert d’avancer quand on est morte à l’intérieur ?


C’est parce que je t’ai trop aimé que je dois te tuer. Ton silence à jamais il y a dix ans a scellé nos destins. Tu es morte dans mon cœur le jour où tu as choisi le sceau du secret.


Aujourd’hui je vais te tuer pour mieux me souvenir de t’avoir aimée.


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