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Adieu



Je pensais que cela allait être plus difficile avec elle. C’est drôle mais j’ai l’impression qu’elle a déjà capitulé comme si elle savait qu’elle allait un jour m’occupait d’elle.


Les mains attachées au- dessus de la tête, allongée sur le sol, je me mets derrière elle et la traine vers la chapelle. Elle commence à se débattre en bougeant les pieds tel un serpent qui s’anime. Je décide donc de la trainer par les cheveux. Elle hurle puis se tord de douleur. Mais se débat moins. Quelques mètres seulement nous séparent de la chapelle, elle n’a pas pu s’enfuir bien loin. Mais même sur quelques mètres, la douleur doit être intense de se faire trainer par les cheveux avec le vent cinglant nos visages.


Ses cinquante kilos ne pèsent pas lourds face à la force qui se décuple quand je veux tuer. Allongée près de la chapelle, je prends dans mon sac, le grand foulard que j’ai préparé pour la bâillonner. Elle se débat encore un peu mais pleure surtout à chaudes larmes. Je me rassois à califourchon sur elle ; elle ne peut plus bouger ni crier.


« Ecoute-moi ma chère maman. Que je finisse mon histoire, ton histoire, notre histoire. Tu vas avoir le beau rôle désormais. »


Je m’approche de son visage, peau contre peau, je lèche avec ma langue une de ses larmes sur la joue. Je lui glisse dans l’oreille : « Hubert. Ton grand amour Hubert ».


Elle s’agite violemment. Je lui donne une grande claque faisant voler ses boucles d’oreille sur son visage. Elle se tétanise. Surprise de mon déchainement de violence.


« Hubert. Le seul homme que tu n’aies jamais aimé. Je dirais même la seule personne que tu n’aies jamais aimée. Tu as trompé papa pendant des années avec ce monstre. Tu étais un monstre donc cela est bien normal, tu es tombée amoureuse d’un monstre. Deux monstres ensemble préméditant leurs crimes et leur terrible histoire. Tu savais tout. Tu savais qu’il violait sa fille, qu’il la maltraitait, qu’il la brulait à vif avec des cigarettes, qu’il lui faisait les pires sévices. Tu savais que Pauline savait et tu as tout fait pour qu’elle ne dénonce pas ton amour. Pendant qu’il violait Elisa, tu te chargeais dans la chaleur de notre cuisine familiale, de mentir et de poser ton emprise maléfique sur Pauline pour qu’elle se taise. Le matin avant qu’Elisa aille au collège, Hubert la battait et l’après-midi, toi, éprise d’amour et de violence, tu jouissais dans son lit. Cela a duré des années … combien je ne sais pas, cela n’est pas important … puis il y a eu ton crime suprême … tu veux l’entendre ? »


Je lui abaisse son bâillon légèrement pour qu’elle puisse me répondre.


« Tu m’entends ?

  • Je t’en supplie. Je t’en supplie Lisa. je t’en supplie, arrête cette folie. Ma fille. Mon ange. Pardonne moi mais silteplait SILTEPLAIT ARRETE. ARRETE ! J’ai compris, je te jure, j’ai compris … mais arrête… oh mon Dieu. Je t’en supplie …

  • Tu me supplies… je veux entendre cela depuis des années… tu me supplies et tu as bien raison … je ne sais pas ... je vais réfléchir peut être à te laisser en vie … peut être … si tu m’avoues tout

  • Je te dirais ce que tu veux … je t’en supplie… je te dirais tout mais arrête … ARRETE LISA, me hurle-t-elle.

  • Tu vas tout m’avouer ?

  • Oui Lisa et après on oubliera tout. C’est promis.

  • Parlons de ton pire crime alors … je t’écoute

  • Mais je ne sais pas, bredouille-t-elle. Je ne sais pas de quoi tu parles.

  • Emma.

  • Emma mais quoi Emma ?

  • Ah tu m’énerves, TU M ENERVES ! TAIS TOI espèce de saloperie. Tu mérites de mourir… et dans la douleur »


Je lui remets son bâillon avec difficulté car elle n’arrête pas de se débattre. Finalement j’y arrive.


« Emma. Ma petite sœur. Car au final, c’est quand même ma petite sœur. Nous sommes quatre à savoir. Quatre dans la confidence. »


Je m’approche de son oreille à nouveau, et lui chuchote :


« Voilà ton œuvre suprême. Avoir un enfant de ton seul et unique amour. Papa n’a jamais su. Il le saura demain en lisant son courrier. Emma est ma sœur mais ce n’est pas sa fille. C’est Hubert son père. Elle est la fille de deux monstres, d’un violeur et d’une meurtrière par procuration. Et pourtant … Emma est la plus belle chose qui soit arrivée dans ma vie. Elle est un soleil dans une vie si triste. Hubert et toi avez gardé ce secret pendant des années. Cette enfant si longtemps voulu par papa a été vécu par lui comme un cadeau que la vie lui donnait. Et hors de question qu’Hubert reconnaisse cet enfant illégitime. Qu’auraient pensé ces petits amis de la haute pétée normande ? Alors finalement ce fut votre secret inavouable… cette petite fille aux yeux bleus, blonde comme les blés … comme Hubert en fait. Je me souviens de voir Pauline et Hubert avec Elisa, dans notre salon, pour venir voir cette petite merveille qui vient de naitre. Tu sais, j’aime beaucoup le théâtre et les jeux de rôle. Et aujourd’hui je peux le dire : tu es une formidable actrice. Pauline a su la vérité quand tu lui as écrit en prison. Et moi cela fait des années que je corresponds avec Pauline et que j’ai appris la vérité. Quatre personnes partageant le même secret … Un secret bien gardé bientôt dévoilé. Papa va beaucoup souffrir et c’est une des raisons pour lesquels tu vas mourir. Que dis-tu ? je ne comprends pas … »


Je lui enlève son bâillon.


« Je t’en supplie Lisa. Ne me fais pas de mal. Je te promets de tout dire à ton père et ta sœur si tu le veux. Mais je t’en supplie. Ne me prive pas d’elle. Ne me prive pas de ma fille.

  • Mais tu l’aimes parce que c’est Hubert que tu vois en elle. Je me suis toujours dit que tu l’aimais tant car tu l’avais désiré pendant des années. Mais ce n’est pas ça le problème. L’idée c’est surtout que dans ses yeux tu y vois son père, ton amour, ce monstre. Emma est ton souvenir, ton fantôme. Elle ne mérite pas ça. Elle ne te mérite pas. Ecoute-moi bien… quoique tu fasses, quoique tu dises, tu vas mourir sous ma lame. J’ai rêvé des nuits entières de voir ton sang se déverser. Il est temps d’en finir…

  • Non, non …. NOOOOOONNNNNNNNN …. PIIITIEEEEEEE … LISA MA FILLE »


Je la fais taire en lui donnant un coup de coude dans le visage ce qui la fait tomber dans les pommes et lui fait saigner le nez. Elle est inconsciente. Je veux qu’elle se voie mourir et lui donne donc des claques pour qu’elle se réveille. Elle rouvre les yeux et me découvre avec mon wakizashi dans la main droite. Ses yeux s’écarquillent. Bêtement je pense à Yasuke quand il me regarde, me voyant préparer son repas.


Sauf qu’elle, elle a plutôt le regard d’un lapin dans les phares d’une voiture. La peur au ventre. La peur de mourir. Et cela me fait tant plaisir.


« Regarde-moi ma chère maman. Regarde-moi à être ton ombre machiavélique. Je veux que tu meures lentement. Je veux voir ton sang couler lentement sur mes mains. Regarde… regarde cette lame. Tu vas pouvoir apprécier d’y goûter. Je l’ai affutée rien que pour toi. Je ne vais te faire que quelques petites entailles pour commencer … juste pour qu’on s’amuse un peu toutes les deux comme tu t’es amusée de nous."


Je me dis que plus le supplice pour elle sera long et plus je risque de ne pas pouvoir contenir sa résistance. Je réfléchis … Je vais chercher une grosse pierre et la place sur ses mains liées. Ainsi elle ne peut plus bouger le haut du corps. Pour les jambes, j’avais noté dans le carnet la possibilité de pouvoir la mobiliser définitivement au cas où elle bougerait trop … A elle de voir si elle veut ne pas avoir trop mal au genou… avant de mourir.


Toujours assise sur elle, ne quittant pas son regard, je lève doucement mon couteau pour le poser sur sa gorge. Je caresse son cou avec ma lame pour que celle-ci se réchauffe avant de devenir mortelle.


« J’ai 24 ans. Et ma vie va bientôt s’arrêter à cause de toi. Tu mérites 24 coups de couteau pour chaque année où je n’aurais pas dû vivre cet enfer, ce cauchemar. J’aurais pu être une petite fille heureuse et une femme épanouie. Tu as été une bonne mère jusqu’à ce que tu le rencontres. Mais c’est ma vie entière que tu as gâché. Tu dois payer pour chacun de tes crimes, pour toutes les personnes qui ont souffert à cause de toi, pour chaque année de ma vie passée à tes cotés. »


Je lui enfonce d’abord la lame du couteau dans le bras gauche, celui qu’elle utilisait pour me bercer quand j’étais bébé. Elle hurle sous son bâillon et pleure, pleure … Je relève lentement mon couteau et constate qu’elle saigne un peu … Je lui enfonce dans le bras droit …


« Le bras droit c’est pour tuer le bras qui me donnait le biberon lorsque j’étais petite ».


En un instant, elle m’éjecte de son buste en se tordant de douleur et en bougeant les jambes. Je fais donc ce que j’avais prévu en lui enfonçant par deux fois la lame du couteau dans le haut de chacune des cuisses. Elle devient donc immobile. Immobile parce qu’atteinte à des muscles vitaux et immobile parce que la douleur est intense. Je me rassois sur elle ce qui fait jaillir le sang de ses cuisses.


Mince … je vais devoir me débarrasser de ce manteau que j’aimais beaucoup.


Quatre coups déjà portés…


« Ecoute-moi maman. Je sais que tu souffres terriblement. Je ne vais pas te laisser agoniser plus longtemps. »


Je lève mon couteau une première fois pour la poignarder dans le ventre et lui dis :

« Pour Emma, ce bébé que tu n’aurais jamais dû avoir »


Une deuxième fois pour lui arracher un bout de langue et lui dis :

« Pour Pauline, à qui tu as demandé de se taire »


Une troisième fois dans le cœur et lui dis :

« Pour Papa, à qui tu avais confié ton cœur ».


Une quatrième fois dans le cou et lui dis :

« Pour Elisa, qui s’est pendue »


Ensuite, ce ne fut que folie et démesure. Je voulais que chaque lame de couteau enfoncée dans sa peau diabolique soit le symbole de chaque année avec elle. Je me relève donc et lui donne seize coups de couteaux sur l’ensemble du corps en n’oubliant pas son visage.


Seuls les yeux sont épargnés. Moi la lectrice de Sartre, je sais, ô combien, le regard est toujours le plus dur à supporter. Dans un ultime geste de folie, je lui ferme les yeux comme pour apaiser sa douleur et ….peut-être la mienne.


Il y a du sang partout. Elle n’a pas eu le temps de souffrir… elle est déjà morte. J’ai oublié de compter à quel moment son cœur s’est arrêté. Avec mes gants en sang, je la traine sur le sol jusqu’au bord de la falaise. Je regarde autour de moi et en dessous pour voir s’il n y a personne. Je m’assois sur le bord de la falaise et sort de ma poche une photo de moi bébé où elle me tient dans ses bras me regardant amoureusement. Autour de moi, je regarde le paysage qui est somptueux et si calme, si apaisant. Je regarde la photo et me mets à pleurer. Je passe ma main sur mon visage et constate que je suis donc couverte de sang sur la joue. Ma langue attrape une goutte de sang au coin des lèvres …


Je me relève et d’un geste de rage je la pousse violemment vers le vide. Il y a tant de vent que je n’entends pas son corps s’écraser sur les galets tout en bas mais j’esquisse un sourire tout de même en regardant son corps tomber. Je prends la photo et la déchire en petits morceaux que je fais s’envoler dans le vent.


En ce mois de novembre, déjà à 16H30, le jour devient nuit. Il faut que je puisse rapidement quitter le lieu du crime. Le vent sèche mes larmes rapidement. Je cours vers la chapelle et comme écrit quelques jours plus tôt, je me change entièrement. Les lingettes Cadum me permettent d’enlever le sang que j’ai sur la peau. Je me déshabille rapidement et enfile un collant noir avec une robe en laine. Je prends dans le sac ma petite pochette avec mes papiers, mes clés et autres objets personnels. Et je vais jeter le sac au-dessus de la falaise… peut être près du corps … je ne sais … je ne vois pas d’ici.


Dans la voiture, je retrouve ma robe achetée dans la matinée. C’est dommage que je ne puisse jamais la porter. J’avais prévu aussi de la jeter au-dessus de la falaise … je vais la garder encore un peu …


Il me reste quelques heures avant de partir à mon tour … Mais je dois remplir une dernière mission … Ah... une boîte aux lettres, j’envoie le courrier à Axel, papa et Emma mais aussi le petit colis fait de lettres et de souvenirs.


Mes pensées dans la voiture vont à Yasuke qui m’attend à la maison pour notre dernier voyage …


Adieu mes amours


Adieu


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