Bord de mer
- Mélanie
- 13 sept. 2015
- 4 min de lecture

Je rêvasse dans ma chambre, dans ma chemise de nuit Mickey et sur mon lit une place. Emma n’a pas insisté pour dormir avec moi cette nuit. Elle s’est endormie si vite dans le canapé qu’elle n’en a pas eu le temps.
Je prends le soin avant de dormir de regarder mes mails et mon compte Facebook pour voir les dernières nouvelles. Il semble qu’il ne se passe pas grand-chose en ce moment à part quelques premières dates de festival pour l’été qui commence. Je verrais si Debbie veut qu’on aille faire un tour ensemble le week-end du 10 juillet.
En attendant je me demande si Papa et maman se doutent de mes mensonges. Je ne crois pas … ils savent que j’ai mon petit jardin secret. Si secret …
J’espère que Yasuke a compris que je ne rentrais pas ce soir et a trouvé ses croquettes dans sa gamelle. Il pourra tout de même profiter du lit douillet pour faire sa nuit et on se retrouvera demain.
Je me suis surement endormie en pensant à Yasuke. Je retrouve comme souvent l’ordinateur allumé sur la couette et je me réveille avec les narines chatouillées par l’odeur du pain grillé.
Je descends les quelques marches qui me séparent de la cuisine et retrouve maman, papa et Emma qui se partagent des tartines de confiture maison.
« Coucou ma chérie, me dit maman en m’embrassant. Tu as bien dormi ?
Oui très bien. Je me suis endormie tôt et ai rêvé de Yasuke.
Ah oui ? me dit Emma en m’enveloppant dans ses petits bras
Oui. Tu sais il me manque quand je m’éloigne de lui mais bon je rentre vite. Il ne reste pas seul bien longtemps.
C’est normal qu’il te manque. Souviens-toi quand Lulu était encore vivant, tu l’adorais et attendais de rentrer de l’école pour le retrouver. Tu te rappelles ?
Oui papa je me rappelle. Sa petite frimousse de gros chat gris qui gambade dans la campagne pour tuer les gros mulots
Oui et qui me ramenait beaucoup de souris dans ma cuisine, » conclut maman, ce qui nous fait tous rire.
On passe une partie de la matinée sur la route, bercée par le soleil, pour se rendre à Dieppe où on aime flâner sur le marché du samedi matin.
Dieppe est une ville que j’aime particulièrement. Lorsque l’on descend la grande rue, avec sur notre droite la zone commerciale, on sait qu’au bout de la rue, en contrebas, on trouvera le calme du centre-ville et la mer qui nous entoure.
J’aime cette ville où le temps semble s’être arrêté et où les vagues bercent la vie. J’y viens depuis que je suis petite car nous allions souvent papa et moi, parfois avec Elisa, à Veulettes sur Mer à quelques kilomètres de là, et où on louait une petite maison de pêcheur pour l’été.
Même vingt ans plus tard, j’en garde les odeurs des coquillages ramassés dans
le seau de plage. J’aimais à cette époque peindre les galets que nous ramassions et papa et maman en ont gardé encore quelques-uns dans la maison familiale.
A Dieppe, la jetée est immense et les voiture ne sont pas trop près pour que nous puissions profiter du calme et du roulis de la mer.
Ici la falaise est omniprésente, elle protège du vent et des soucis comme disent les dieppois. Moi qui aime le temps d’antan, je m’imagine toujours Dieppe au dix -huitième siècle où les familles ont entrepris de faire des baignades dans l’eau fraiche de la Manche comme un rituel de bien-être.
C’est à Dieppe qu’en 1822 est construit le premier « établissement de bains » pour accueillir les représentants de la haute aristocratie locale. Très vite, Dieppe est devenue un lieu très prisé notamment avec l’arrivée de la ligne ferroviaire venant de Paris dès 1848 et la naissance juste après du casino.
On retrouve dans Dieppe ce charme intemporel d’un autre siècle. Quand on s’arrête devant le Bar la Boussole avec sa façade aux croisillons couleur bleue mer, on voit la Normandie les deux pieds dans l’eau et d’une beauté sidérante.
Papa m’emmenait régulièrement sur les champs de course lorsque j’étais enfant et Dieppe était une de nos destinations favorites car on pouvait ensuite aller voir les ferries embarquer et débarquer les passagers.
Aujourd’hui, nous passons cette journée en famille et c’est un régal. On partage en terrasse des moules-frites et on discute de tout et de rien.
Notre ballade au bord de la mer après le déjeuner se termine par une petite baignade de nos doigts de pied et bien entendu une glace au chocolat, assis en pente dans les galets.
Il est déjà 15H50 et mon train est à 16H09. Papa, maman et Emma m’accompagne à la voiture pour que je récupère mon sac et marcher ensemble jusqu’à la gare de Dieppe qui se trouve à quelques minutes à pied.
Comme toutes les deux semaines environ, on s’embrasse sur le quai d’une gare. On sait qu’on va se manquer mais on se revoit vite, dans deux semaines dans le petit village de Vinassan, dans l’Aude.
Vinassan, j’y pense dans le train …. J’ai trop de souvenirs là-bas avec toi et tu me manques tant. Je m’en veux tellement de t’avoir perdue.