La peur dans sa voix
- Mélanie
- 13 oct. 2015
- 3 min de lecture

Vendredi 28 août. Aucune nouvelle de Pierre Tramayre ni même un coup de fil pour me dire si j’étais prise pour le poste. Je décide d’appeler le secrétariat de CORIH.
« Bonjour Madame. Excusez-moi de vous déranger. Je me permets de vous appeler car j’ai passé un entretien avec M. Tramayre la semaine dernière. Il devait me rappeler en début de semaine. Mais je n’ai pas de nouvelle.
Je suis désolée madame. Mais M. Tramayre est actuellement en déplacement. Voulez-vous que je lui laisse un message ?
Il n’est pas du tout joignable ? parce que j’ai vraiment besoin de savoir car je dois donner mon préavis dans deux jours et donc je suis suspendue à la réponse de cet entretien. C’est très important pour moi. Il n’aurait pas un numéro de portable ?
Oui mais je ne suis pas autorisée à vous le donner
Ecoutez silvouplait. Je suis pressée par le temps. Je ne l’embêterai pas longtemps. Je veux juste savoir si c’est OK ou pas. Et voilà tout.
Ne quittez pas.
Un silence puis :
« Je vous mets en communication avec M. Tramayre. Ne quittez pas.
Merci beaucoup madame. »
Une voix d’homme… sa voix ….
« M. Tramayre à l’appareil.
Pierre ? c’est moi. C’est Julie. Julie Robert.
Oh non mais … Excusez-moi Sylvie, vous pouvez me laisser seul dans mon bureau quelques instants ? »
J’entends du bruit, une chaise qui bouge et une porte qui claque. J’en déduis qu’il n’est pas en déplacement mais bien dans son bureau, à côté de cette menteuse de Sophie.
« Ecoutez. Je ne sais pas à quoi vous jouez mais vous allez immédiatement cesser cela. Je suis désolé mais vous n’avez pas été prise pour le poste, je pense que ce n’est pas une surprise.
Mais je m’en fous Pierre de ce poste. Je te parle de nous. De toi et moi. De notre nuit d’amour. Ça fait une semaine que je pense à toi, depuis que tu m’as serrée le cou dans le parking et que j’ai frôlé ta braguette. Je suis disponible ce soir si tu veux.
Mais écoute, dit-il en chuchotant. Ce n’est pas possible. Je ne sais pas ce que je t’ai fait mais je ne veux rien avoir à faire avec toi. Tu vas trouver quelqu’un de super pour te satisfaire et me laisser tranquille. Et ne m’appelle plus au travail. C’est compris ?
C’est compris Pierre.
Parfait !
C’est compris mais je ne peux l’accepter. Mon corps te réclame. Il faut assouvir sa faim. Je ne suis pas une pute. Tu n’as pas besoin de payer. Je paye même la chambre si tu veux. Pierre avoue-le. Tu ne me trouves pas excitante ? je ne te demande rien, même pas de l’amour, juste du sexe.
Bon stop ! Tais-toi ! Tu es folle ! D’accord ? Tu es folle ! Complètement cinglée. Tu vas oublier mon numéro, mon nom et ce qu’il y a sous mon pantalon. Y a assez de mecs sur Terre pour se taper une cinglée comme toi. Va en faire chier un autre. Ok ? Allez adieu ma mignonne.
Attends Pierre ! elle les a aimés les chocolats ta femme ?
Quoi !??? Répète ?
Ta femme Isabelle. Les chocolats livrés chez toi, elle les a aimés. Tu en a mangé avant de lui faire l’amour hier soir ?
Oh putain !!! alors là j’y crois pas. C’est toi les chocolats ? c’est toi la copine d’école ?
Oui c’est moi aussi. On partage nos souvenirs d’enfance avec Isabelle et puis ta petite vie de famille aujourd’hui avec tes gentils deux petits garçons, Léo et Lucas. Le petit dernier .... déjà 6 ans ce weekend.
Tais-toi, hurle-t-il. Putain tais-toi. Mais qu’est-ce que je t’ai fait bordel ? T’attends quoi de moi ? Tu veux quoi ?
C’est simple. Une nuit avec moi et je vous laisse tranquille monsieur le responsable commercial. Je leur ferais pas de mal à tes gosses et à ta femme. Toi non plus je ne te veux pas de mal. Je t’ai déjà dit … on ne se fera que du bien !
Ecoute-moi bien pétasse. J’ai ton téléphone, ton nom, je connais ta tronche. Donc je vais aller voir les flics. Si je te recroise, je te défonce. Et pas comme tu le voudrais. C’est compris ?
Oui mon Pierre. Je vais essayer de t’oublier. Ca va être dur. Mais je vais essayer. Pardon. Pardonne-moi
Parfait ! Allez Adieu !
Au revoir Pierre. Ah au fait ….. j’espère que le cadeau que j’ai acheté à Léo pour son anniversaire va lui plaire. »
Et souriante, je raccroche. Il m’aurait encore plus déçue s’il m’avait dit oui tout de suite. Ainsi je peux utiliser tous mes atouts. Telle une bête traquée, je veux voir la peur dans ses yeux. Aujourd’hui la peur change de camp.
Je lui demanderai lundi si le petit a aimé sa voiture télécommandée.