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La faiblesse humaine

Dans quelques jours, j’aurai de nouveau enlevé la vie en suivant mon bushido. Ce cher Pierre Tramayre m’a donné finalement beaucoup de fil. Mais à la fin je gagnerai bien sûr.

Je suis allée tous les jours de la semaine dernière dans le parking de la Tour Egée à la Défense pour y déposer sur le pare-brise de la voiture de Pierre un petit mot doux et une photo.

Lundi il a pu observer sur le papier glacé du Polaroïd mes épaules dénudées avec le mot « Envie ». Mardi, c’est « Désir » qui était écrit avec une photo de mes fesses nues. Mercredi, le jour du « Plaisir » et mes petits seins fermes qui se dévoilent. Le Jeudi est consacré à la « luxure » et il a pu contempler ma bouche rougie et mes lèvres entrouvertes. Vendredi, c’est la « Passion » qu’il a pu découvrir sur son pare-brise avec un Pola de moi où je suis étendue nue sur mon lit.

Mais il a pris sa décision le samedi après-midi quand il a emmené son fils Lucas au club de foot du coin pour sa séance hebdomadaire. Le jeune entraineur, et plutôt bien foutu, a accepté que je vienne voir une séance de foot pour éventuellement y inscrire mon fils qui, manque de bol, est malade aujourd’hui. Donc je suis venue seule….

Il fait frais et mon petit béret maintient ma perruque brune. En ce samedi, je m’appelle Julie Robert et dois donc en endosser le costume. Isabelle, la femme de Pierre a posté à plusieurs reprises des photos du petit à sa séance du samedi après-midi au stade municipal de Levallois-Perret où ils habitent. Sur Facebook, Isabelle raconte depuis lundi qu’elle a sa séance mensuelle de manucure chez sa prothésiste-ongulaire. « Prothésiste ongulaire » …. déjà d’aller payer pour se faire ses ongles est une activité féminine qui me dépasse mais alors parler de « prothésiste ongulaire », je comprends même pas le concept. En tout cas, sa passion pour les ongles bien faits l’empêche d’accompagner son petit bonhomme au foot et c’est bien cela qui va favoriser la perte de son mari.

Ironie du sort … Dix ongles bien limés pour un mari à la gorge tranchée.

Je reconnais le petit Léo qui joue sur le terrain. Il ressemble comme deux gouttes d’eau à son papa. Et je le vois lui, Pierre Traymare, sur le bord du terrain à quelques mètres devant moi, avec son caban bleu marine et regardant frénétiquement sur son portable sans lever les yeux sur l’entrainement du petit.

Je m’approche doucement et me place à côté de lui :

  • Pierre ? Comment vas-tu ?

  • Oh mon Dieu ! Mais qu’est-ce que tu fous là toi ?

  • Je t’avais laissé un ultimatum et pas de nouvelle … Je te conseille de ne pas faire de vague devant tout le monde. Tu pourrais le regretter … et ce petit Léo a sûrement besoin de son papa pour rentrer chez lui ….

  • Mais tu es complètement folle ! Tu m’as suivi jusqu’ici ? Comment tu as su que j’étais là ? Tu me suis depuis longtemps ? oh putain ! non mais j’y crois pas …. Mais je vais aller aux flics, espèce de tarée !

  • Vas-y ! J’attends … Pourquoi tu ne l’as pas fait déjà la semaine dernière ? Tu as bien reçu mon courrier tous les jours sur ta voiture ?

  • Non mais qu’est-ce que je t’ai fait putain ? Mais qu’est-ce que je fais bordel ?

  • Ce que tu as fait ?

  • ….

  • Tu m’as envoutée. Mon corps te réclame … je ne demande que toi … souviens toi juste une fois et après je te laisse retourner à ta petite vie tranquille. Tu as eu un aperçu de mes charmes toute la semaine mais …. je peux faire beaucoup beaucoup plus et te faire vivre une aventure que tu n’oublieras jamais.

  • Ecoute, me dit-il en se prenant la tête entre les mains et regardant le sol. Je comprends pas ce que je t’ai fait. Franchement c’est flatteur mais là tu me fais flipper. Tu me suis avec mon gosse !!! non mais tu te rends compte putain !

  • Je suis sûre que ça t’excite …. Ça t’excite pas de savoir qu’une petite jeunette se caresse en pensant à toi ?

  • Mais qu’est-ce que tu veux ? faut que je fasse quoi putain pour que tu me laisses tranquille ?

  • Je veux une nuit. Ta femme en saura rien. Où tu veux et quand tu veux. Mais je te veux toi. Juste toi et moi. Une nuit chaude, une nuit où tous nos fantasmes se réalisent et après hop on redevient deux inconnus.

  • Ecoute ….

  • Non j’écoute plus …. J’en peux plus moi …. Je peux plus aller en cours, je passe mes matinées et mes soirées dans mon lit avec ma main entre les jambes en pensant à toi …. Il faut que je t’ai … et vite. Tu es beau, tu as un charme fou… depuis la conférence en mai j’ai su que nos corps devaient se lier…. On parlera pas beaucoup quand on sera tous les deux…. Juste du sexe….

  • Tu me jures de me laisser tranquille après ?

  • Je te le jure. Tu seras tranquille pour le reste de ta vie. Tu ne verras plus jamais mon visage

  • ……..

  • Et Isabelle et tes enfants, je les oublierai aussi. Je les laisserai tranquille…. Ils n’entendront plus jamais parler de moi.

  • Je ne devrais pas faire ça …. me dit-il doucement levant les yeux sur son fils sur le terrain de foot

  • Faire quoi ? prendre ton pied ?

  • Chuuuut ! Tais-toi !

  • Tu sens ma langue ? tu sens ma langue qui se balade sur ton corps …. Pourquoi se priver de plaisir ? pourquoi ne pas laisser cinq heures de notre vie au temple du plaisir à deux ?

  • Bon écoute …. Donne-moi un numéro et je t’appelle … mais je te préviens … une fois … rien qu’une fois et après tu vires de ma vie …

  • Oh mon amour … mon amant … j’ai hâte ….

  • Donne-moi ta main »

Il me tend sa main … je la pose délicatement sur ma joue gauche et lui embrasse la paume de la main en y déposant un baiser où s’inscrit mon rouge à lèvres rouge. Il la retire violemment ayant peur que l’on nous voie. Il regarde autour de nous. Chacun des spectateurs est attentif aux progrès des petits champions sur le terrain et des trois buts déjà marqués par l’équipe rouge. Je cherche dans mon sac mon petit agenda et en déchire une page au hasard. Je lui note le numéro accroché à ma vie cachée et embrasse le bout de papier. Il le prend et le range furtivement dans son manteau.

Je le frôle en partant et lui glisse dans l’oreille :

« Tu n’oublieras jamais ce moment entre nous deux. Tu verras. Ton corps s’abandonnera au plaisir de la jouissance extrême. »

Il me regarde et sourit.

« Tu embrasseras Léo pour moi. A très vite ».


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