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Se retrouver pour mieux se quitter



Pierre m’a appelée dès le lundi matin pour me dire qu’il partait en séminaire professionnel le week end suivant, au circuit des 24 Heures du Mans. Les directeurs comme lui sont récompensés pour leurs efforts pendant le premier semestre de l’année. Quoi de mieux qu’un circuit automobile pour faire montre de sa toute-puissance et d’attiser la concurrence entre les différents directeurs !


Il m’a donné rendez-vous à l’hôtel où lui et ses collègues sont logés pour la nuit. Chambre 422, rue Chanzy au Mans. Il m’a envoyé le numéro de la chambre dans la matinée. Il me retrouvera vers 22 heures après le diner professionnel. Quant à moi, j’arriverai en début d’après-midi ce qui me permettra de pouvoir tout préparer.


Le train vient de partir à l’instant et il n y a pas grand monde en ce vendredi 4 septembre au matin. Une heure me sépare du Mans depuis la gare Montparnasse. Je vérifie l’adresse de l’hôtel où j’ai rendez-vous et note que j’ai environ quinze minutes de marche à pied. Ma valise rouge près de moi est assez imposante car j’y ai mis tous mes accessoires et mon Tanko, mon armure funeste.


Le train a été très agréable, même le sandwich acheté à la voiture-bar. Dans les rues du Mans, je marche avec d’une part la valise à roulettes que je traine et dans l’autre main mon téléphone sur GPS pour me repérer dans cette ville que je ne connais absolument pas. Comme il m’avait été indiqué, environ quinze minutes plus tard je me présente à la réception de l’hôtel. Mon plan bien en tête, il est essentiel que mon personnage d’aujourd’hui ressemble le plus fidèlement possible à Isabelle Tramayre. C’est pourquoi je suis coiffée d’une perruque blonde, cheveux courts et très légèrement maquillée. J’ai poursuivi le vice jusqu’à acheter la même petite robe Desigual qu’elle affiche sur plusieurs de ses photos sur Facebook. Les vêtements de cette marque particulièrement colorés me rendent un énorme service car ma robe sera facilement reconnaissable le moment venu lorsque pendant l’enquête il faudra puiser dans les souvenirs de ce brave réceptionniste.


« Bonjour Monsieur, je suis Mme Tramayre. Je viens rejoindre mon mari pour la soirée. Il est en chambre 422 me semble-t-il.

  • Bonjour Madame. Bienvenue à l’hôtel Hermès du Mans. Je vous demande quelques instants je vérifie la chambre que l’on a attribué à votre mari. Monsieur ….

  • Tramayre. Pierre Tramayre. Il fait partie du groupe de chez Corih.

  • Ah oui. En effet, madame. Chambre 422. Voici la clé. Chambre située au quatrième étage. Vous avez l’ascenseur sur votre gauche juste là. Désirez-vous que l’on vous serve le déjeuner dans votre chambre ?

  • Non ça va aller, je vous remercie.

  • Bon séjour à vous madame Tramayre. N’hésitez pas à contacter la réception si vous avez la moindre question.

  • Je n’hésiterai pas. Je vous remercie. Ah par contre, excusez-moi. J’ai fait une tache sur ma robe, lui dis-je en montrant une vilaine tache de sauce mayonnaise en bas au milieu du ventre. Serait-il possible de faire appel au service de nettoyage ?

  • Bien sûr madame. Je fais envoyer quelqu’un dans votre chambre d’ici une demi-heure le temps que vous puissiez vous installer.

  • Je vous remercie beaucoup. »


La chambre vaut le prix inscrit sur le dos de la porte. Il y a un grand lit king size, un salon avec table basse et une baignoire d’angle posée sur du marbre. Cette après-midi-là, dans cette chambre d’hôtel a certainement été une des meilleurs après -midi de ma courte vie. Après avoir profité de la baignoire d’angle, j’ai préparé l’ensemble de mon plan scène par scène en répétant même à plusieurs reprises l’épisode final. Je n’ai été interrompue que par le maitre d’hôtel venu chercher ma robe pour la faire nettoyer. Cela était inscrit dès le départ dans mon carnet pour que beaucoup se rappellent avoir vu Isabelle Tramayre dans cet hôtel la nuit du meurtre de son mari. D’autant plus que comme elle l’a précisé sur Facebook, elle a profité de l’absence de son mari ce week-end pour faire garder ses enfants et passer une soirée seule au cinéma….


Tout dans la chambre était rangé au millimètre près quand vers 22h10, Pierre Tramayre a franchi la porte. Je lui avais donné quelques consignes par SMS dans l’après-midi lui demandant de ne pas parler en rentrant et de se laisser guider par les sens.


Habillé d’un costume beige et tenant son porte serviettes à la main, il rentre dans la chambre plongée dans la pénombre. Je sors délicatement de la salle de bain pour le pousser vers le mur opposé et lui placer sur les yeux un bandeau en dentelle afin qu’il puisse se laisser bercer par l’ambiance.


Sans broncher il s’exécute et lâche à terre son porte-serviettes. Je l’attire lentement vers moi et lui pose un premier baiser. Il glousse et semble ravi de cet amuse-bouche. Pour l’occasion, j’ai enfilé ma perruque brune et suis sous les traits de Julie Robert. Je le prends par la main et le pousse doucement vers le lit où je l’y allonge.


Je lui dis au creux de l’oreille :


« Allonge-toi confortablement au milieu du lit. Je vais m’occuper de toi. »


D’abord lui enlever ses chaussures, puis ses chaussettes. Ensuite, lui enlever sa veste et déboutonner sa chemise. Enfin, lui baisser son pantalon jusqu’aux chevilles tout en lui laissant son slip. Pendant ces longues minutes, il me parle, il me dit que je suis une salope et qu’il adore ça ; qu’il va me donner du plaisir comme je le mérite …. Bref il reprend son rôle de mâle pour mieux s’imposer dans cette situation où il est sous mon contrôle.


Je lui réponds à voix basse :


« Oui mon amour. Tu vas donner tout ce que tu as pour me faire grimper aux rideaux. Je veux que mon corps soit comblé. J’ai tant rêvé ce moment. On va s’éclater tous les deux et ne jamais oublier ce moment. Ne jamais oublier nos visages emplis de plaisir. En attendant, donne-moi tes mains pour que tu puisses toucher ma chair brûlante. »


Et c’était vrai … Je le veux comme la bête qui est en moi. Je veux quelque chose de bestial, d’animal. Je ne vais pas passer à côté de prendre mon pied avant d’entamer mon entreprise meurtrière. Il ne voit pas mon visage mais je suis sincèrement heureuse d’être là ; d’une part parce que je veux juste du sexe et d’autre part parce que je vais pouvoir lui donner la mort.


Je m’installe sur lui, nos deux sexes se frottant sans qu’il y ait de contact puisque je suis moi-même vêtue d’un string et d’une guêpière. Je lui prends les mains et les balade sur mon corps, afin qu’il effleure la dentelle de mes bas, puis mon entrejambe et mes seins corsetés. En moins de cinq minutes, nous voilà nus tous deux dans une position bien connue des amoureux des chiffres se donnant mutuellement du plaisir. Il a voulu garder son bandeau sur les yeux me disant qu’il est encore plus excité d’imaginer mon corps et nos étreintes.


Cette première partie de soirée a été plutôt agréable et il a su me baiser comme je voulais l’être. Mon plan consiste à ne surtout pas l’effrayer, ne surtout pas lui faire peur et au contraire le mettre en pleine confiance pour l’attirer au mieux au milieu de la nuit vers son destin funeste. Il est d’autant plus amusant de voir sa victime passer du rire aux larmes, de le manipuler au point de lui faire croire qu’il contrôle tout.


Il est environ minuit quand après avoir goûté au plaisir du sexe, je lui propose d’appeler la réception pour commander une bouteille de champagne.


« C’est moi qui t’invites mon amant ».


Je lui propose de lui faire couler un bain, ce qu’il accepte volontiers. J’attends patiemment qu’il soit plongé dans la baignoire et les bulles pour appeler la réception :


« Bonsoir. Chambre 422. Mme Tramayre. Je me permets de vous appeler pour savoir s’il était possible de monter une bouteille de champagne dans notre chambre. »


Cela ne se refuse pas pour n’importe quelle enseigne d’hôtel que ce soit. Une bouteille de champagne commandé par un client est l’assurance d’une facture généreuse. Pour moi, c’est l’assurance d’un rappel de la présence d’Isabelle Tramayre dans la chambre et le début de l’enivrement pour ma victime.


Dès la bouteille posée dans la chambre, je m’attelle à y verser quelques gouttes de Belladone. Cette plante que l’on peut trouver un peu partout, et surtout en homéopathie, a des vertus thérapeutiques dès lors que ses feuilles sont consommées. Mais cela est surtout le cas lorsqu’il s’agit du fruit de la plante, ressemblant à une petite cerise noire. A la maison, j’ai consciencieusement pilé les fleurs de Belladone pour en faire une poudre assez fine qu’elle puisse être mise en une coupe de champagne. En plus, cette fleur poison a un avantage certain pour la meurtrière que je suis, puisque son parfum est particulièrement doux à tel point que cela ressemble à un bonbon.


Pierre se détend, les bras en croix dans le bain, quand je lui dépose sur le bord de la baignoire sa coupe de champagne quelque peu frelatée. Nous trinquons tous deux et je me glisse à ses côtés dans l’eau chaude et savonnée. Nos pieds se cherchent, se frôlent, s’unissent. Nos mains sous l’eau jouent à découvrir à nouveau le corps de l’autre. Ces quelques câlineries se concluent avec chasteté et nous sortons nous allonger sur le lit, nus comme des vers et moi la tête sur son épaule. L’ivresse de la soirée et les bulles de champagne commencent à donner à Pierre l’envie de se confier. J’apprends alors que je ne suis pas la première qu’il emmène dans une chambre d’hôtel lors d’un de ses déplacements. Bien sûr il aime sa femme et puis attention c’est la mère de ses enfants, donc il l’aime de fait ! Il m’avoue qu’à un moment il a vraiment cru qu’il allait appeler la police car il me croyait folle. Surtout quand il a vu que je me rapprochais de sa famille. Mais il m’avoue aussi qu’il était impatient de pouvoir aller jusqu’à sa voiture tous les soirs de la semaine dernière pour y découvrir un nouveau « bout » de mon corps sur une photo volée. Il loue mon inventivité et ma recherche de créativité pour arriver à mes fins.


« Je ne regrette pas de t’avoir fait venir ici, cette nuit. Tu es une vraie tigresse au lit et tes jeux coquins ne me laissent pas insensible.


  • Et tu n’as encore rien vu. Finis donc ta coupe de champagne que je te montre vraiment de quoi je suis capable. Je vais me faire une petite beauté dans la salle de bain et je reviens. »


Seule dans la salle de bain, j’enfile mon Tanko, en laçant par devant ce corset que portaient les samouraïs japonais à l’époque Edo. Je l’avais habilement placé tout au fond de la bannette à linge pour ne pas qu’il le découvre. Me voilà fin prête : mon Tanko au plus près de mon buste, mes seins plaqués et pointant vers le ciel car excités au maximum. J’ai changé mes bas et suis maintenant vêtue de bas-couture avec jarretière rouge en dentelle où j’ai glissé dans l’une d’entre elle mon Wakizashi et dans l’autre une cravache en cuir. Bien sûr j’ai enfilé mes longs gants en satin pour ne laisser aucune empreinte.


D’ici je l’entends tousser à plusieurs reprises. D’abord une petite toux puis une toux plus prononcée. Il m’appelle. Je ne dis rien. Je crois que l’excitation commence à m’envahir jusque dans ma lingerie la plus fine.


Je me pare de mes talons aiguilles et sors de la salle de bain pour me retrouver face à lui. Il est plié en deux, tout rouge et tape avec son point sur le drap. Je m’approche et pose ma main sur son dos.


« Ça ne va pas ? Tu ne te sens pas bien ? »


En retour que des raclements de gorge.


« Tiens, lui-dis-je en lui tendant une nouvelle coupe de champagne. Bois un peu ça va passer. Tu as dû avaler de travers. »


Il boit rapidement la coupe et se rallonge en respirant un peu mieux. Selon la dose de Belladone que l’on dispense, elle peut être mortelle en moins d’une heure. Les irritations de la gorge sont un des premiers symptômes. Il devrait normalement rapidement avoir des convulsions. J’ai donc peu de temps pour qu’il assiste à mon assaut final et ma gourmandise ne va pas s’arrêter là.


« Allonge toi, détends toi. La fatigue et le champagne ont dû avoir raison de toi. Allonge-toi je vais m’occuper de toi

  • Oh oui c’est toi Julie qui dois me faire tourner la tête et m’épuiser. Je m’abandonne à toi.

  • Tu as raison. Fais-moi confiance. On se quitte dans quelques heures alors profitons de ces derniers moments. D’autant plus que je t’ai préparé une surprise. Regarde »


Il lève les yeux sur moi ce qu’il n’avait pas encore fait, pris dans ses quintes de toux.


« Mais qu’est-ce que c’est que ce déguisement. C’est un truc de chintok ça ?

  • Chut ! Tu vas vite comprendre. Pour le nouveau jeu que je t’ai concocté il faut que je te lie les mains. Tu sais combien le plaisir redouble quand seuls les yeux peuvent contempler et que les mains sont prisonnières. Tu me fais confiance ? je vais t’emmener au paradis.

  • Oui ma dominatrice. Je suis ton soumis. Fais de moi ce que tu veux. Fais-moi prendre mon pied.

  • Parfait. Maintenant tais-toi et donne-moi tes mains. »


Je lui lie les mains avec le fil de cuir qui orne le côté de mon Tanko. Ses mains liées, il est déjà à ma portée. Puis lentement, je lui ôte la serviette en éponge qui entourait son corps. Il est nu. Tout mon plan écrit sur mon petit carnet à la maison ne pouvait imaginer comment serait meublée la chambre et notamment le lit. Or, il est essentiel pour moi de pouvoir contrer la force d’un homme et donc de l’attacher quelque part. Le lit n’est malheureusement pas doté de barreaux et je ne peux donc pas l’y attacher. Par contre, dès lors que je suis rentrée dans la pièce cette après-midi, j’ai remarqué qu’il y avait un rocking-chair et qu’en plus d’être un endroit idéal pour avoir ou donner du plaisir, je pourrais facilement attacher ma victime aux accoudoirs.


C’est ainsi que je l’emmène avec son consentement vers le fauteuil où il s’assoit. Sa toux s’est calmée et il a retrouvé son air lubrique. Je sors les menottes que j’avais cachées sous la pile de livres de déco qui trônent sur la table basse et lui demande si je peux l’attacher. Il passe sa langue sur ses lèvres en exprimant un cri de jouissance ce que je perçois comme un consentement actif.


Je lui laisse le lien de cuir et lui attache donc les deux mains sur le bas de dossier près de l’accoudoir gauche. Je glisse la clé dans mon string ce qui le fait de nouveau réagir.


« Te voilà tout à moi Pierre Tramayre. Ta toux semble se calmer. Je vais te redonner un peu de champagne. Et puis avec le champagne on peut faire pleins d’autres choses. »


Je porte à ses lèvres une coupe « belladonnée » qu’il boit goulument et y trempe mon annulaire pour lui entourer le contour des lèvres puis il lèche jusqu’à son extrémité mon doigt empoisonné. De lui-même il concourt à son destin funeste.


Le voilà donc attaché, le corps empli de la plante toxique et nu devant moi. Tout est réuni pour que le spectacle commence.


De mon bas droit je sors la cravache en cuir que j’idolâtre.


« Tu as été un mauvais petit garçon Pierre. Te voilà dans une chambre avec une inconnue.

  • Oui mais ….

  • Tais-toi ! Tais-toi ! lui dis-je fermement en posant la cravache sur sa bouche comme pour lui interdire de parler. Tu te tais et tu m’obéis. Tu es mon objet, ma chose et je vais te posséder. Compris ?

  • C’est bien. Tu la fermes d’accord et tu m’écoutes. Tu ne vas plus rien faire. Juste regarder et apprécier. Tu as été un mauvais garçon. Tu m’as déçue. Je voulais jouir tout à l’heure avant toi et tu ne m’en as pas laissé le temps. A moi maintenant de prendre mon pied. Tu vois cette cravache. Rassure toi elle ne va pas laisser de trace sur ta peau de bébé, non elle va juste servir à te faire taire. Tu as les mains attachées donc tu ne peux pas bouger. Maintenant tu vas avoir la bouche close pour ne pas hurler quand le plaisir sera à son extrême. Ton plaisir et mon plaisir. Car je vais prendre un plaisir fou à te faire du mal. Mors là-dedans, dans la cravache. Sers bien avec tes dents. »


Il s’exécute. Il tousse. Je me colle à lui et lui assis il est à la hauteur parfaite pour glisser sa tête entre mes jambes, le nez au plus près de mon sexe. La cravache entre les dents il ne peut pas parler. Il tousse. Je lui demande de fermer les yeux, ce qu’il fait, me glisse derrière lui et lui enfile une cagoule en cuir dont raffolent les sadomasochistes. La fermeture éclair située au dos de la tête est parfaite pour une mise en place rapide. Ainsi, il a le visage plaqué par le contact du cuir et ne peut ni parler ni cracher la cravache pour mieux hurler. Il tousse.


« Pierre, te voilà tout à moi. Tu n’as pas peur j’espère. Je ne suis là que pour notre bonheur. Le tien d’abord : de pouvoir baiser une petite pute gratuitement dans une chambre d’hôtel, sans que ta femme n’en sache rien. Et puis mon plaisir. Mon plaisir de te voir crever… crever d’envie bien sûr ! »


Il tousse et agite les pieds. Mon ton plus ferme ne l’effraie sûrement pas mais sa situation est inconfortable et le masque de cuir qui lui enferme le visage l’empêche de pouvoir respirer normalement. La belladone fait son effet et commence à s’infiltrer dans ses poumons. Je sens qu’il essaye de cracher la cravache qu’il a entre les dents mais le cuir de la cagoule le contraint. Je vois ses bras qui rougissent … de peur, de plaisir, de douleur … ? Peu importe … il est temps pour moi de l’achever en suivant les préceptes de mon Bushido.


« Pierre. Calme-toi. Tu vas te faire plus de mal que prévu. Regarde-moi, regarde-moi. Je suis la petite pute de tes rêves, celle que tu penses avoir baisé par deux fois depuis que nous sommes ensemble. Mais tu as eu tort, Pierre. Tu n’aurais pas dû. Tu es la pire espère que je connaisse. Le bon père de famille qui baise sa femme deux fois par mois en osant deux positions au maximum mais qui se tape tout ce qui bouge dès qu’il peut. Rassure-toi … tu n’es pas le seul. Vous êtes nombreux. »


Il s’étouffe, se tord sur sa chaise. Je distingue un « arrête » ou un « pitié ».


« Pitié ? C’est ça que tu veux ? De la pitié ? Regarde-bien. Tu vas comprendre ce que j’en fais de ta pitié. D’abord, fais-moi un beau sourire que je te prenne en photo et ne détourne pas les yeux. Je pourrais m’énerver.»


Je prends le Polaroïd et le prends à plusieurs reprises, déposant avec mes gants les épreuves sur son corps.


« Tu te souviens en juillet de ton déplacement dans le Sud de la France ? On s’est rencontrés sur une aire d’autoroute. Tu t’es garé derrière moi et a cru bon de me parler comme à une conne m’empêchant de sortir du parking. Tu ne me reconnais pas ? »


Il s’agite et il faut le garder calme. Je me résous donc à m’agenouiller et une dernière fois à utiliser mes mains et ma langue pour engloutir son sexe au plus profond de ma glotte. Il gémit, ne sait plus s’il doit prendre son pied, hurler de douleur ou crever en silence. Il choisit de se taire et d’apprécier. Je constate d’ailleurs que mécaniquement il apprécie. Son sexe droit, cela m’excite et je décide de le coiffer de plastique Durex avant de m’asseoir lentement sur lui, écartant délicatement le peu de dentelle qui nous sépare tous deux. Je m’agite consciencieusement jusqu’à l’exciter pour finalement peu de temps après entendre un cri de jouissance. Mais ce cri est teinté de raclements de gorge, d’une rougeur extrême de sa peau. Plus que quelques minutes avant qu’il ne convulse et que son corps et son cœur ne lâchent.

Ma dernière carte doit être abattue maintenant. Je m’approche de lui et d’une main ferme lui maintient les genoux plaqués contre le fauteuil pour mieux le bloquer.


« Regarde-moi salopard. »


Je retire ma perruque jusque-là particulièrement bien collée sur mon crâne et laisse dévoiler ma longue chevelure rousse.


« Tu ne me reconnais pas ? Je ne suis pas Julie Robert. Je ne l’ai été que pour toi. Tu ne peux pas mourir sans avoir toutes les explications. Je ne suis pas aussi cruelle…. »


Il s’agite de plus en plus et je ne peux le retenir. Il est beaucoup plus fort que moi. Il panique et bouge dans tous les sens. Je suis moi-même projetée contre le mur. Il n’arrive pas à délier ses mains à cause des menottes ni à parler à cause de la cagoule. Mais il a réussi à renverser la chaise sur la côté et se retrouve maintenant le corps nu, les photos éparpillées autour et la tête sur la moquette de la chambre. L’image est trop belle pour que je n’y résiste.


Je me rapproche et d’un coup sec pose l’aiguille de mon talon-aiguille sur sa gorge ce qui, miraculeusement, le rend plus calme. Je lui glisse à l’oreille.


« Je suis Lisa. Je fais payer aux hommes de ton espère ce que vous avez fait subir à Elisa. Tu vas crever pour ta vanité, ta pseudo virilité et ta croyance d’être au-dessus des femmes. Tu es un « Hubert Pacheux », un de ceux qui pensent que nous ne sommes que de la chair à baiser, qu’une créature pour assouvir vos plaisirs. Tu n’as pas de chance. Je te le concède. C’est tombé sur toi. Beaucoup d’autres auraient pu être à ta place. Tu as croisé mon chemin et cela t’a conduit à la mort. J’ai glissé dans ton champagne quelques soupçons de Belladone qui vont très vite te faire convulser. Je pourrais te regarder mourir ainsi mais je te l’ai dit, je ne suis pas cruelle. Cette petite potion magique me permet juste de te maintenir sous ma coupe. Je peux encore appeler les secours qui pourraient te sauver. Tu le voudrais mon ange ? »


Il hoche la tête frénétiquement et j’entends un nouveau « Pitié, je vous en supplie. Ma femme et mes enfants. Je vous en supplie. »


« Mon pauvre Pierre. Je nettoie le monde de la mauvaise graine et je rends service à ta femme et à tes enfants en te permettant de mourir aujourd’hui. Allez. Pense une dernière fois à eux. Ton heure est venue. »


Je l’entends pleurer, pleurer à chaudes larmes. Son corps commence à convulser sur la moquette violette de la chambre. Je réfléchis. J’enlève mon talon de sa gorge et l’observe. Est-ce que je le tue maintenant ou est-ce que j’attends encore un peu que le poison fasse de l’effet ? Je n’aime pas la cruauté. Je n’aime que la vengeance. Je m’agenouille donc, posant mes genoux à terre près de lui. Lentement, je prends mon wakizashi et le glisse entre mes seins. La caresse de l’arme, au contact froid du métal avec ma peau bouillante me procure des frissons de bonheur et de plaisir et sans même le vouloir ou l’attendre, je jouis intensément.


Je regarde Pierre et ses yeux en détresse sont le reflet de la sinistre situation dans laquelle nous sommes.


« Pierre. Il est important que tu partes de ce monde avec un peu d’intelligence. Sartre m’a appris que le plus difficile quand on tue est de regarder le visage de sa victime car c’est l’humanité que l’on regarde et qui nous renvoie à notre inhumanité. Sauf que pour toi, selon mon code d’honneur, propre à mon bushido, je protège toutes celles qui auraient pu subir ta cruauté. Adieu Pierre. »


Il pleure comme un enfant mais je n’ai pas le temps d’en tenir compte. Je me penche sur lui et bloque ses mouvements en remettant mon talon aiguille sur sa gorge. Je lui montre la lame du wakizashi et en pose le bout sur sa joue droite. Je descends lentement l’arme du samouraï sur son cou et d’un geste sec lui tranche la gorge. Contrairement à Gisela, ma première victime, le sang ne jaillit pas mais au contraire coule doucement sur la moquette. Le sang est épais et noirci mais fluide et rapidement devient une flaque rougeâtre près du visage de ma victime.


Je ne dois pas rester longtemps car la scène de théâtre doit toujours avoir un final. Sur son visage, un dernier rictus de douleur ou de jouissance. Le médecin légiste donnera son avis.

Je range précautionneusement la chambre en ne laissant rien trainer. Je reprends les draps et nettoie à l’eau de javel avec les produits que j’ai ramenés la salle de bain, les verres etc. Ensuite, je décide d’attendre sept heures du matin pour partir, reprendre mon rôle d’Isabelle Tramayre et dire au revoir au réceptionniste. Durant trois heures je regarde ma victime près de moi, baignant dans sa luxure. Je ne ressens rien, pas même l’ombre d’une injustice, d’un regret ou d’une culpabilité.


Mon train est à 7h38. Je repars à pied vers la gare en me disant que j’ai passé une des plus belles nuits de ma vie. Du sexe, du combat et du sang. J’aime d’autant plus ce moment, qu’à la fin c’est moi qui gagne.

Pierre Tramayre n’est plus. Elisa n’est plus. A qui le tour ?


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