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La boite de Pandore


Un après-midi de juillet à la maison à RY …. je me souviendrais toujours de cet après-midi …. De ce moment où j’ai ouvert cette malle et où j’ai découvert les dizaines de lettres échangées entre Pauline et ma mère. Parmi toutes les lettres que Pauline lui a envoyées, voici celle dont je me rappelle mot pour mot. Celle que je relis maintenant, au moment où je réfléchis à la façon dont je vais tuer ma mère. Félicité …. Le bonheur en latin…. Toute sa vie elle aura disséminé du malheur… Elle va payer … oh oui elle va payer … Dès que j’en ai fini avec Pauline, ma lame passera lentement sur chacune de tes parties du corps pour que tu puisses sentir au plus près la douleur. Chaque goutte de sang et ton agonie seront ma victoire. La victoire d’Elisa aussi.

Félicité

J’ai mis près de trois mois à t’écrire car je ne savais pas quoi te dire pour répondre à ta dernière lettre.

Je savais que tu m’avais trahie mais à ce point !

Je ne te pardonnerai jamais ce que tu m’as fait, ce que tu nous as fait.

Tu oses parler d’amour dans ta dernière lettre ! Toi ?! D’amour ?! Alors que l’amour si tu savais ce que c’était tu n’aurais pas fait ça !

Tu m’as fait croire pendant des années que tu étais mon amie. Mais tu n’as été que trahison et mensonges.

Si je t’avais en face je te tuerais de mes propres mains.

Alors voilà c’est ça … voilà tu m’as tout dit … tu as voulu nous protéger car tu l’aimais … tu l’aimais lui …

Tu étais donc sa maitresse pendant toutes ces années

Tu couchais avec le monstre qui battait et violait ma fille. Jusqu’où vous étiez complices tous les deux ? Est-ce que tu savais ? Est-ce que tu savais tout ?

Est-ce que c’est pour cela que tu m’as suppliée pendant des années de ne rien dire, de ne pas porter plainte ?

J’ai su… j’ai su le jour où tu es entrée dans le tribunal à Rouen, où j’ai croisé ton regard que tu étais coupable. Mais coupable de quoi ? de quoi ? cela fait des mois que je me pose la question. Des mois que je m’imaginais que tu voulais me protéger et que ta seule culpabilité était de ne pas avoir voulu dénoncer les faits car tu te sentais toi aussi coupable comme moi de ne pas oser.

Oui c’est ça je me disais … juste coupable de ne pas oser en parler à la gendarmerie.

Mais en fait tu as été d’une cruauté terrible. Tu as protégé ce salaud, cette ordure en prétextant que c’est l’amour qui t’aveuglait.

Tu m’écris : « mon amour pour lui était si grand et si intense que je ne pense pas qu’il ait pu faire du mal à ta fille. C’était un homme bon. Il a fait des erreurs sûrement mais ce n’était certainement pas le monstre que l’on a décrit ». Et tu oses rajouter : « si tu l’avais aimé comme je l’ai aimé, il ne se serait jamais suicidé. C’est ta folie et ta cruauté qui l’ont tué » !

Je n’arrive pas …. J’ai relu ces deux phrases jour et nuit depuis des semaines, depuis que j’ai reçu ta lettre en prison. Tu doutes qu’il ait pu faire du mal à Elisa. Tu doutes qu’il ait pu la battre à mort, la violer, lui bruler certaines parties du corps, l’humilier, la laisser pour morte ce jour terrible. Comment ? Comment est ce que possible ? Comment peux tu écrire cela ? Comment as-tu pu me trahir à ce point ? Trahir Elisa ?

Tu as connu ma fille depuis qu’elle était toute petite. Nos filles se sont aimées, étaient les meilleures amies du monde. Elles n’étaient qu’une. Je te l’ai confiée des centaines de fois pour que tu prennes soin d’elle.

Je m’en veux tellement. Je pleure tant mon bébé, ma fille, ma chair que j’ai perdue pour toujours.

Je suis responsable de tout. Je suis coupable. Que Dieu m’entende et m’autorise à mourir. Je ne supporte plus cette souffrance. Je t’en prie mon Dieu, emmène-moi pour que je la retrouve là-haut, que je la serre dans mes bras. Je dois lui dire pardon, lui dire combien je suis coupable. C’est de ma faute, tout est de ma faute.

Je ne me suis jamais occupée d’elle, je n’ai jamais été présente. Je n’ai pas voulu la voir grandir. Je me doutais qu’elle souffrait mais comment m’imaginer qu’il lui faisait autant de mal.

Je sais … je sais ce que tu penses … je te l’ai dit plusieurs fois que je pensais, que je le soupçonnais de toucher à ma fille. Mais toujours, toujours tu m’as dit que non, ce n’était pas possible, que je ne pouvais pas croire, que je n’allais tout perdre au risque de le dénoncer pour rien.

En fait tu me mentais. Tu me mentais car ce n’est pas moi mais lui que tu protégeais. Et tu te protégeais aussi.

Je suis si en colère contre moi. Je m’en veux tellement. Je suis coupable et je paye mes erreurs dans cette cellule crasseuse, moisie et inhumaine. Je suis un monstre. Un monstre de culpabilité.

Mais en fait je l’ai mise entre les mains des deux monstres que vous êtes, mon salaud de mari et toi la pire des saloperies. Toi qui étais ma seule amie.

Il faudra que tu payes. Que tu meurs à petit feu pour tout le mal que tu nous as fait. Je veux te voir crever. Dès que je sortirai de prison, je te tuerai. Je le jure. Pardon mon Dieu … mais je te tuerai. Je te tuerai Félicité.

Pauline


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